Son truc à lui c’est la logistique : ranger des ronds dans des ronds et des carrés dans des carrés, en faisant en sorte d’être toujours le plus efficace possible. Pierre de la Villeon, Responsable Supply Chain Global de HAFA n’est pas tout à fait le genre à se complaire en circonvolutions.

Il doit faire en sorte de gérer les stocks, de livrer chez les clients, de gérer l’entrepôt, d’organiser l’ordonnancement des productions, de gérer les achats et les approvisionnements…Bref de s’assurer que les produits de HAFA non seulement pourront être fabriqués correctement, mais qu’ils arriveront en temps et en heure chez les clients. Et forcément quand on a 10 000 clients à contenter et que l’on est une petite trentaine en production, mieux vaut ne pas procrastiner, ni perdre de temps en conjectures. Cela tombe bien : Pierre est du genre pragmatique. Un trait de caractère qui transpire dans son parcours scolaire, puis dans ses choix professionnels. DUT de Génie mécanique et productique (GMP*) en poche, il entre en école d’ingénieur en Génie Mécanique et y découvre le monde de la logistique. Un « coup de cœur » pour le jeune Pierre qui décide de réorienter ses études en intégrant à Bordeaux un 3ème cycle en logistique industrielle. Certains se découvrent une passion pour la philatélie ou les phénomènes paranormaux (pourquoi pas !). 

Interview HAFA 70 ANS - Pierre de la Villeon

Pierre, lui, se voit bien faire sa vie à optimiser des flux de production. Chacun son truc. « En réalité, explique-t-il, j’aime la logistique parce que c’est une approche concrète et de bon sens. En gros, si je perds du temps, plutôt que de marcher plus vite, je cherche la cause de ma perte de temps. Parce que le chemin pour aller plus vite n’est pas toujours de passer de la marche à la course »… Une manière poétique et philosophique de dire qu’il ne sert à rien de foncer bille en tête, en somme.

Le miel et les abeilles

Pourtant, ses activités professionnelles au sein d’une PME comme Hafa, lui qui n’avait connu jusque-là que les grosses machines parfaitement huilées au sein de Faurecia, pourraient presque l’y pousser. « Avant, j’avais 5 clients aujourd’hui, ils se comptent plutôt par milliers. Avant, j’avais un seul fournisseur par pièce, aujourd’hui j’en ai plusieurs pour 1 produit. Ici, la gamme est multipliée par 10 alors que nous sommes une trentaine en production. Chez Faurecia, nous étions 600 ! ». Moralité, Pierre vit à 100 à l’heure… Lui qui n’aime pas « l’à peu près », porte sans cesse en bandoulière son sens de l’organisation et son pragmatisme, des qualités en or. Le genre que l’on peut mettre en avant au cours d’un entretien d’embauche sans avoir à rougir !

Seule notion qu’il ne maitrise pas : le temps. Un temps après lequel il avoue courir sans cesse lorsqu’il s’agit de le consacrer à toutes « ses petites passions » qui l’animent. Évidemment, avec 4 enfants (4, 7, 10 et 12 ans), être un As de la logistique a quelques avantages, mais malgré tout, le temps, lui n’est pas extensible. Alors tant pis pour la voile. Alors tant pis, aussi pour l’apiculture. Cette passion familiale héritée de son grand-père qu’il continue, en de rares occasions à pratiquer avec son père, ses frères et ses enfants afin de produire du miel pour toute la famille. « Le miel dit-il, c’est la couleur de l’or, c’est le partage ». Certes. Mais l’abeille, elle, est le symbole de la productivité, de l’organisation et du travail bien fait…décidément ! 

(*) Le « GMP » pour les nuls :  Ce diplôme forme des techniciens généralistes des industries mécaniques, quel que soit le secteur d’activité, afin qu’il soient capables d’assurer la mise sur le marché d’un nouveau produit au travers des trois premières étapes de son cycle de vie : conception, industrialisation et enfin organisation industrielle.

Article rédigé par Ambre Delage

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