Née à Casablanca à la toute fin des années 90, Salma Rahmani, Business Manager Europe et Afrique du Nord, aurait pu choisir la voie royale et reprendre les rênes de l’entreprise familiale de restauration ferroviaire. Et continuer d’y picorer, comme quand elle était petite, les échantillons de chips et de bonbons envoyés par les fournisseurs. Elle aurait pu. Mais Salma préfère les virages aux lignes droites.

Piquée aux voyages par un papa qui a la bougeotte, Salma rêve d’ailleurs. A 17 ans, elle quitte donc son pays et sa famille pour poursuivre ses études supérieures en France, à Toulouse. Inscrite en licence d’éco-gestion, elle se retrouve donc seule à des milliers de kilomètres de chez elle, dans un pays et une ville qu’elle ne connaît pas, à faire quelques boulots de baby-sitting pour payer en partie ses études… Un premier « coup de pied au cul » qui pourrait faire passer Cosette pour une gamine geignarde. Mais, Salma aime éprouver sa résistance, se challenger…bref, ne pas garder les deux pieds dans le même sabot. Licence en poche, elle quitte donc Toulouse, un peu trop calme à son goût, pour rejoindre le tumulte parisien et y effectuer son bachelor dans une école de commerce. Une révélation.

Voyages, Voyages

Car lors de ses études, Salma intègre, en alternance, le groupe de restauration aérien (décidément !) Servair. « L’entreprise avait pour ambition de développer un service auprès des plateformes off-shore pétrolières ou minières. Ma mission était donc de travailler sur ce développement », explique-t-elle. Or, comme, lesdites plateformes sont assez rares sur la Seine (si, si !), c’est plutôt du côté du continent africain que les contrats se négocient. Bingo. A 20 ans à peine, et toujours étudiante, Salma décroche un contrat avec un client off-shore et doit partir accompagner sa mise en place en Côte d’Ivoire. « Après 2 mois et demi passés sur place, je m’étais parfaitement adaptée, j’avais créé du lien avec plein de gens. J’ai alors pris conscience que c’était ça que je voulais faire : découvrir le monde ! ».

Mais découvrir le monde quand les avions sont cloués au sol, forcément, cela complique un peu le projet. Nous sommes alors en 2020 : annus horribilis covidus ! L’activité de Servair est au ras des pâquerettes. Difficile d’espérer y décrocher un contrat de travail. C’est pourtant grâce aux dirigeants de Servair que Salma intègre HAFA. « Le vice-président de la société, qui est originaire d’Yvetot, et mon boss direct chez Servair se sont assis avec moi autour d’une table et ont balayé tous les deux leurs carnets d’adresses pour me mettre en contact avec des entreprises de leur connaissance. Au final j’ai passé 10 entretiens et je me suis payée le luxe de choisir. Franchement, quand je raconte cette histoire, je n’en reviens toujours pas ! ». C’est vers HAFA que Salma porte son choix « une PME plus flexible, avec beaucoup d’ambition et offrant plus de proximité avec ses salariés. Et puis pour moi qui aimerait un jour me lancer dans l’entreprenariat, l’histoire d’HAFA est un exemple ».

Une vie de fuseaux horaires

Et surtout, comme elle le souhaitait, avec son job, Salma passe sa vie entre deux avions. Le rêve. Elle qui gère le développement des lubrifiants HAFA en Europe et en Afrique du Nord, est un jour ici, le lendemain là-bas. Jamais statique. Parfois plusieurs mois à sillonner le même pays, même si le mot « tourisme » est assez peu compatible avec son emploi du temps. Tandis que certains développent une forme d’eczéma à l’idée de prendre l’avion, Salma, elle, se réjouit d’améliorer chaque jour davantage le temps qu’elle met pour faire sa valise. Chacun son truc. « De toute façon, je ne m’imagine pas du tout sédentaire. Franchement, ce n’est absolument pas envisageable. Mes journées de travail s’organisent avec des fuseaux horaires, à écouter des accents différents, sans bouger de mon bureau. Et ça, ça n’anime ! ».

Même lorsqu’elle fait la cuisine (sa grande passion), Salma voyage. Des plats marocains qui ont l’odeur et le goût de ses racines, bien sûr, mais aussi des recettes venues des quatre coins du monde. « Mon truc c’est d’aller chercher des plats en tamoul si il le faut, du moment que c’est authentique, même si je ne parle pas la langue ». Qu’importe, la cuisine est un langage universel : elle met tout le monde d’accord. Et l’avantage lorsque l’on voyage ou que l’on connaît quelqu’un sur chaque continent, c’est que côté épices, on est servi : « Dans mon placard, on fait le tour du monde en 6 étagères », s’amuse Salma ! D’ailleurs, un jour, elle aimerait conjuguer son amour de la cuisine, des voyages et de son pays autour d’un projet professionnel. Son rêve : « Acheter des terres ou sponsoriser des agriculteurs au Maroc pour qu’ils cultivent pour moi des piments spécifiques qui seraient transformés sur place puis exportés vers les pays du Nord ». En attendant, elle continue de rapprocher les frontières entre les pays et, bien sûr, d’améliorer son record de préparation de valise.

Article rédigé par Ambre Delage 

Découvrez le portrait de Léa Lacroix, de Adrien Oberthur et celui de Pascal Lozes